L’État Providence est mort, vive l’État
En France, nous entretenons une passion profonde pour l’État. Il est la matrice qui nous constitue en tant que Nation, la topographie sous-jacente à toutes nos relations ; il est notre alpha et notre oméga, à la fois récipiendaire de nos griefs et main secourable que nous cherchons dans la tourmente. Nous lui confions l’éducation de nos enfants et attendons qu’il subvienne à nos besoins dans la maladie, l’inactivité et la vieillesse. Il est la cause de tous nos maux et la solution à tous nos problèmes. Il est le père auprès duquel nous cherchons soutien, approbation et sécurité, et contre lequel nous nous définissons par nos révoltes, sans toutefois oser ce parricide freudien qui nous propulsera dans l’âge adulte. Cette relation fusionnelle entre le peuple français et son État, inédite en Occident, se retrouve même dans notre Constitution : nulle autre nation occidentale n’ose jouer son destin tout entier lors de l’élection d’un monarque séculier.
En France, l’État peut tout et fait tout. Il dit la loi et l’applique, arbitre les pensées et les opinions, dirige les capitaux, fait et défait les destins, désigne les ennemis et les amis, distribue les droits et les devoirs. Il ne connaît aucune limite, car il les fixe lui-même, en atteste les particularités hexagonales du droit administratif et d’un Conseil constitutionnel où siègent d’anciens membres de l’exécutif.
Ironiquement, les principes de limitation du pouvoir énoncés par Montesquieu nous sont étrangers. Lorsque Tocqueville, en voyage aux États-Unis, examine les mécanismes de cette démocratie naissante et nous met en garde contre le « despotisme doux », il parle en bon Français, conscient de l’inexorable extension administrative qu’accompagne la centralisation des pouvoirs.
Incapables de voir l’État de manière dépassionnée, les Français ne réalisent pas que l’État français est devenu le modèle de l’État moderne.
L’État français, modèle pour le monde
Le monde entier regarde des productions hollywoodiennes, danse sur des tubes internationaux, et parle le globish, tout en construisant les principes de la vie en société autour d’un État-Léviathan dont, en Occident, seule la France peut revendiquer la paternité. Les agences américaines à trois lettres, les collaborations public-privé pour défendre « l’intérêt national », la monnaie fiduciaire au service de « l’État stratège », les passerelles entre grands groupes privés et administrations publiques, la diplomatie moderne, les ministères de la culture, les lois de censure, et les associations nourries de subventions publiques, ont souvent été françaises avant de devenir ubiquitaires.
Nos médias et intellectuels aiment présenter les États-Unis comme la patrie de l’ultralibéralisme. Pourtant, nos cousins d’Amérique imposent leur dollar au reste du monde grâce à une alliance contre-nature avec les pays producteurs de pétrole, non sans rappeler nos propres alliances passées avec la Russie ou les Ottomans. Ils surveillent les artères commerciales mondiales pour garantir des débouchés à leurs entreprises, appliquant une realpolitik inventée par Talleyrand ; ils orientent la croissance par des dévaluations constantes dans un système monétaire fiduciaire que John Law de Lauriston pourrait revendiquer comme sien, et prélèvent des impôts inventés sous la plume d’un inspecteur des finances et les ors du Louvre.
La seconde superpuissance de notre temps, la Chine, souvent dépeinte comme un modèle opposé, suit en réalité un chemin bien plus proche du nôtre que nous ne voulons l’admettre. Depuis cinquante ans, l’Empire du Milieu mène une politique colbertiste digne de Louis XIV, développe un État stratège qui aurait fait rougir Pompidou, multiplie les partenariats public-privé, sacrifie l’épargne privée sur l’autel de la compétitivité par des dévaluations brutales rappelant celles de Poincaré, et dirige la société à travers des administrations tentaculaires peuplées de mandarins si semblables à nos « corpsards ». Le Parti Communiste Chinois forme ses stratèges à l’histoire pour cultiver une perspective du temps long, si chère à Napoléon et De Gaulle, et sème la discorde au sein du bloc occidental par l’intrigue, la corruption, la propagande, et l’espionnage, à la manière d’un Richelieu divisant les principautés allemandes pour garantir la domination française dans une Europe gagnée par le protestantisme.
Les États et la microéconomie de la violence
Les grandes puissances modernes sont comparables à ces hipsters cultivant une originalité de façade pour mieux dissimuler leur banalité. Les motifs invoqués diffèrent, mais les politiques demeurent identiques : en Orient, au nom de l’ordre et de la prospérité ; en Occident, au nom de l’égalité et de la liberté, nos États acquièrent toujours plus de contrôle sur nos vies. Or, si les États du monde entier tendent à ressembler au nôtre, ce n’est pas tant parce que nous aurions été copiés, mais plutôt parce que nous avons inventé, aux prémices de l’époque manufacturière, une conception de l’État parfaitement adaptée aux dynamiques géopolitiques et économiques de l’âge industriel.
Comme Marx l’a bien compris, c’est la superstructure économique qui façonne la structure politique, car l’État n’est jamais qu’un producteur qui s’adapte à un certain contexte économique. Il fournit un service de protection en échange d’une part de la valeur ajoutée extraite du secteur privé.
La majorité des économistes et des politologues postule que l’État agit dans l’intérêt général lorsqu’il fournit de tels services. Hypothèse douteuse s’il en est ! Pourquoi l’État serait-il le seul producteur à ne pas naviguer dans « les eaux glacées du calcul égoïste » ? Comme tout producteur, l’État a des intérêts. Il fournit ces services parce qu’il en retire un avantage. Comme le constructeur automobile investit pour générer un profit, l’État mobilise des ressources pour maximiser ses revenus et son pouvoir.
Cependant, contrairement aux autres producteurs, l’État jouit d’un monopole. Max Weber l’a défini comme le détenteur du « monopole de la violence légitime ». Néanmoins, il ne faut pas oublier qu’il existe une pluralité d’États en concurrence les uns avec les autres. Ce monopole de la violence n’existe que dans les frontières de l’État.
Comme pour toute concurrence, celle qui existe entre juridictions limite les abus et garantit un meilleur rapport qualité-prix pour le consommateur. C’est en partie la crainte de la fuite des capitaux et des opérateurs économiques, donc la perte potentielle de recettes fiscales, qui limite le montant du prélèvement étatique. Pour l’entrepreneur, consommateur de ces services de protection, tout repose sur le coût d’opportunité. Il paie volontiers l’impôt lorsqu’il sait qu’aucun gain ne résulterait d’une relocalisation de ses activités.
Les coûts liés à la mobilité du capital et la microéconomie de la violence définissent ainsi la concurrence fiscale et, en dernière analyse, l’anatomie de l’État. Lorsque la valeur ajoutée provient d’un capital physique peu mobile (industrie lourde) ou de la terre (agriculture), l’État peut se permettre de prélever beaucoup et de rendre peu. Inversement, dans une économie où le capital est majoritairement immatériel ou mobile, comme c’est le cas dans l’économie de l’information actuelle, les entrepreneurs peuvent localiser leurs activités là où le ratio qualité-prix des services publics est le plus favorable.
L’impact de la technologie sur la structure étatique
Cependant, encore faut-il que les réalités technologique de l’époque, qui, en fin de compte, déterminent la microéconomie de la violence et les modalités de la création de la valeur ajoutée, favorisent une telle concurrence entre les juridictions. Plus l’économie de la violence est sujette à des économies d’échelle, moins les agents privés bénéficient d’une concurrence entre les juridictions ; et plus le capital est mobile, moins la puissance publique peut se permettre de prélever de lourds impôts.
Les marchands de la Renaissance et les colons américains parvinrent à s’aménager des paradis fiscaux grâce à une asymétrie de coûts entre l’attaque et la défense en leur faveur. Protégés par deux vastes océans et équipés des mêmes fusils que les soldats britanniques, les colons américains purent clamer haut et fort leur « no taxation without representation ». Idem, l’invention de l’arbalète, arme simple mais redoutablement efficace, modifia profondément les dynamiques de la guerre au Moyen Âge, en abaissant le coût de la défense. Sa capacité à percer des armures lourdes avec peu d’entraînement a offert aux cités marchandes de la Renaissance un avantage stratégique crucial. Combinée à la topographie de cités comme Venise, souvent fortifiées et naturellement protégées par leurs ports, elle rendit les invasions plus difficiles. Les marchands, alors moins dépendants des seigneurs féodaux pour leur défense, ont pu organiser des cités-États plus autonomes, où la fiscalité était plus légère que dans les fiefs voisins.
Par ailleurs, à l’époque féodale, la majorité des richesses provenait de paysans sédentaires, créant une situation favorable à l’extraction d’un lourd tribut. Le coût d’évitement de l’impôt pour le paysan était infini, car sans sa terre, il n’était rien. Puis, à la Renaissance, avec le développement du capitalisme marchand cher à Braudel, ce furent les marchands et les artisans qui produisirent la majorité de la valeur ajoutée. Ils pouvaient exercer leur activité depuis n’importe quelle ville portuaire, favorisant ainsi une concurrence entre les juridictions. Le gouvernement ne fournissait plus de protection contre les invasions terrestres, mais plutôt des institutions propice au commerce. Enfin, lorsque la valeur ajoutée est produite par des industriels dans des chaînes de production tayloriennes, l’État inculque à une population paysanne rétive la discipline nécessaire à la production de masse, assure des minimas sociaux à des ouvriers syndiqués, et utilise les services secrets et le chantage économique pour permettre à ses champions industriels de verrouiller des contrats aux quatre coins du monde.
Le microprocesseur et la cryptographie : une nouvelle ère pour l’État
Après la révolution agricole qui a engendré les grands empires et les systèmes féodaux chargés de défendre de vastes étendues de terres, puis la révolution marchande de la Renaissance qui a vu naître les cités-États du nord et du sud de l’Europe, minimisant l’impôt pour attirer les marchands sans port d’attache, et enfin la révolution industrielle qui a donné naissance à l’État-providence nécessaire à la construction des infrastructures de production en série, nous assistons aujourd’hui à une révolution portée par le microprocesseur, Internet et la cryptographie.
Tout comme les avancées technologiques ont redéfini la microéconomie de la violence et l’anatomie de l’État durant les époques précédentes, le microprocesseur et Internet sont aujourd’hui en train de transformer radicalement ces dynamiques.
Avec la première guerre du Golfe en 1991, le monde découvrit en direct à la télévision le primat du microprocesseur. Depuis le large, hors de portée des tirs ennemis, les vaisseaux de la marine américaine envoyèrent des missiles tomahawk et détruisirent la majorité des infrastructures iraquienne en moins de 48h. La guerre dura moins de 42 jours et la coalition menée par les Etats-Unis enregistra moins de 250 décès. Bien que ce conflit soit généralement considéré comme anecdotique dans l’histoire moderne, il constitue un réalité un pivot dans l’histoire de la guerre : la première guerre du golfe a changé la guerre à jamais.
Dans ce nouvel équilibre militaire, il est illusoire de chercher à défaire le leader technologique frontalement. De fait, le champ de bataille a été déserté, et la guerre s’est exporté dans des domaines nouveaux : les espaces informationnel (média et espionnage), informatique (cyberespace), civil (terrorisme), et industriel (guerre économique). Un agent de renseignement bien positionné, un virus informatique, une arme biologique, une campagne de propagande séditieuse, ou un attentat sont désormais des armes bien plus efficaces que des tanks, avions, navires ou missiles. Ces méthodes de guerre « non-conventionnelles » reflètent l’adaptation à un nouvel équilibre militaire bouleversé par l’introduction du microprocesseur : si les ennemis de l’occident ne peuvent gagner sur le champ de bataille traditionnel, ils concentreront leurs forces sur des fronts nouveaux où notre défense est friable.
Dans ces nouveaux théâtres d’opération, l’État est faible, notamment parce que l’individu l’est moins. Nous passons d’un monde où l’exercice de la violence admet d’importantes économies d’échelle, à un autre, dans lequel la défense devient peu couteuse. C’est là, la magie de la cryptographie moderne : un individu doté d’un smartphone premier prix peut protéger ses communications de manière inviolable. L’information peut naviguer librement, à travers des réseaux distribués, sous la protection d’une armure cryptographique imprenable et ainsi échapper au contrôle des États. Cette réalité, combinée à la possibilité de créer de la valeur dans le domaine numérique, et de protéger son capital contre toute forme d’attaque physique grâce à Bitcoin, modifie fondamentalement les conditions dans lesquelles les États fonctionnent, notamment en ce qui concerne leur rôle de monopoleurs de la violence et d’arbitres de la valeur économique.
L’expiration du modèle étatique français
Le modèle français, autrefois emblème de l’État moderne, a atteint sa date de péremption, aussi bien en France qu’à l’étranger. Si l’on admet que l’anatomie de l’État est conditionnée par les réalités microéconomiques qui encadrent la création de la valeur ajoutée et l’exercice de la violence, nous devons conclure que l’ère de l’État à la française touche à sa fin. Les implications de cette transformation sont nombreuses et profondes, et bien que cet essai ne puisse prétendre à les aborder toutes, il semble urgent de les analyser et de préparer les moyens de s’adapter à cette révolution.
Une simple observation du paysage politique, intellectuel et médiatique hexagonal révèle une France qui s’accroche obstinément à des cadres d’analyse obsolètes. Tous se replient sur des réflexes appartenant à un monde révolu.
Pourtant, au large, des vents nouveaux se lèvent. L’Argentine, en avance sur nous dans la déliquescence sociale et la paupérisation causée par le socialisme, a récemment élu un président se revendiquant minarchiste, voire anarcho-capitaliste. Peuple le plus riche du monde au début du XXe siècle, l’Argentine, après avoir appliqué pendant plus d’un siècle des solutions analogues aux nôtres, se retrouve aujourd’hui reléguée au 141e rang mondial. Face à ce déclin inexorable, le peuple argentin a confié son avenir au seul homme qui ose affirmer que l’État n’est pas la solution, mais bien le problème.
La France suivra-t-elle le même chemin ?
Les mêmes causes produiront-elles les mêmes effets en France ? Nous tournerons-nous vers un homme providentiel à qui incombera la tâche de retirer la tumeur étatique dont la métastase menace la société française ? Rien n’est moins sûr. La pieuvre administrative française enserre tous les aspects de notre vie à un point tel qu’il est difficile d’imaginer une telle transformation par des moyens démocratiques. De plus, contrairement à l’Argentine, la France peut encore bénéficier d’une alliance monétaire européenne pour rendre sa dette attractive et maintenir l’illusion de la richesse.
La France est aussi, à bien des égards, le berceau du socialisme. L’idée de justice sociale, qui n’est jamais qu’un appel à garantir l’égalité par l’action politique, est née de la Révolution française. Les Lumières ont donné naissance à deux conceptions opposées du rôle de l’État : d’un côté, la conception libérale, enracinée dans l’Europe protestante à travers la Glorieuse Révolution anglaise et la République des Provinces-Unies, qui postule que le rôle de l’État est de garantir la liberté ; de l’autre, la conception socialiste portée par les révolutionnaires français, qui affirme que le rôle de l’État est de garantir l’égalité.
Comme l’a justement observé Burke, la Révolution française a engendré la confiscation des biens de l’Église, l’introduction d’une monnaie fiduciaire dévaluée par le gouvernement et la guillotine, le tout justifié par des fins poursuivies, sans égard aux moyens employés. Les libéraux, eux, prônaient la sacralité de la propriété privée et des libertés fondamentales, ainsi que la séparation des pouvoirs et l’égalité devant la loi comme moyens d’atteindre ces fins. Ces deux conceptions n’ont en commun que leur opposition à la monarchie absolue, ce qui rend étrange de les regrouper sous l’étiquette commune des « Lumières ».
La déconnexion des élites intellectuelles et les réalités économiques
Les deux derniers siècles de l’histoire européenne ont été marqués par une confrontation perpétuelle entre ces deux idées irréconciliables, au sein d’une arène façonnée par les évolutions technologiques et leurs conséquences économiques et géopolitiques. Dans une Europe préindustrielle, dominée par le commerce, le socialisme ne s’est pas imposé. Puis, avec les deux premières révolutions industrielles, nos sociétés ont connu une prospérité sans précédent, et les créateurs de valeur ajoutée sont redevenus dépendants d’une géographie. Cette transformation économique a favorisé l’évolution du rôle de l’État, notamment à travers l’instruction publique, permettant l’émergence d’une classe intellectuelle vouée à enrayer la machine capitaliste. Schumpeter l’avait bien compris : le succès économique des sociétés capitalistes, dans un contexte de démocratie représentative, conduit inévitablement à l’émergence d’une classe intellectuelle et culturelle parasitaire, qui agite l’opinion publique en faveur du socialisme.
À la racine de cette maladie auto-immune du capitalisme se trouve la déconnexion entre le sentiment d’importance que cultivent les membres de ces nouvelles classes éduquées et la valeur de marché de leurs contributions. Poussés par l’orgueil, ces intellectuels, malgré leurs désaccords de circonstance, s’unissent contre l’ordre de marché et légitiment l’intervention de l’État pour corriger « les insuffisances du marché ». Or, comme le personnel politique raffole du pouvoir discrétionnaire, il ne manque jamais de leur attribuer des prébendes en récompense de leurs services, permettant ainsi la prolifération de ce que Hayek appelait justement « les receleurs d’idées de seconde main ».
Comme l’État français, plus que tout autre, exerce désormais un contrôle total sur l’éducation, les médias et la culture, la résurgence des idées libérales ne pourra venir que du cyberespace. Nos dirigeants l’ont d’ailleurs bien compris, et c’est pourquoi ils s’efforcent d’interdire tous les outils numériques susceptibles de vous rendre libre (logiciels libres, réseaux pair-à-pair, Bitcoin, cryptographie asymétrique) et se hâtent d’appliquer la censure sur les plateformes de diffusion de contenu (réseaux sociaux, médias indépendants), comme en témoignent les récentes frictions entre Thierry Breton et Elon Musk sur la modération des contenus sur X, ou encore l’arrestation des développeurs des outils de confidentialité crypto, Tornado Cash et Samouraï Wallet, par le FBI.
L’ascension inéluctable de la souveraineté numérique
Ces efforts sont cependant voués à l’échec. Le monopole de la violence demeure confiné à l’espace physique et ne s’étend pas au domaine numérique. La montée en puissance inarrêtable des protocoles torrent au début des années 2000, qui a conduit aux lois grotesques HADOPI, a démontré l’impuissance des mécanismes policiers dans le cyberespace. Les individus peuvent être identifiés, poursuivis et emprisonnés, mais le code, lui, ne peut être éradiqué. Ce n’est plus seulement l’information et les médias qui échappent à l’État, mais désormais la monnaie elle-même s’émancipe dans le cyberespace, libérée de son carcan étatique.
Je tiens à insister sur ce point, car les débats actuels autour de Bitcoin montrent à quel point nous sommes aveugles à la révolution qui se déroule sous nos yeux. Chaque être humain sur cette planète a désormais accès à une technologie de défense impénétrable pour protéger son capital contre la spoliation. Dans un tel contexte, est-il raisonnable de continuer à étendre le contrôle de l’État sur les individus ? Persister dans cette voie, c’est garantir que les récits d’Ayn Rand deviendront réalité : la valeur ajoutée et ses créateurs plieront bagages pour se réfugier ailleurs, laissant notre société surendettée au bord de l’abîme.
Pour l’instant, nos États tentent d’empêcher l’accès à la souveraineté financière en s’appuyant sur les institutions financières et en votant des lois grotesques interdisant la détention de Bitcoin en propre, mais bientôt ils devront accepter la leçon de la décennie passée : la force n’a aucune prise sur un protocole informatique distribué. Or, une fois qu’ils auront abdiqué leur contrôle sur l’information et la monnaie, nos États n’auront d’autre choix que de se réorganiser selon les logiques de notre temps.
Une transition douloureuse mais inévitable
Il est fort probable que cette transition se fasse dans la douleur et ne soit pas menée par ceux qui, aujourd’hui, prospèrent grâce à l’État Léviathan. Les élites culturelles, économiques, intellectuelles, médiatiques et politiques, nées dans le paradigme d’hier et nourries par le capitalisme de connivence, seront remplacées par ceux qui comprendront l’ampleur de la transformation que nous vivons. En conséquence, le libéralisme, seul principe d’organisation politique efficace dans un monde où le créateur de valeur est nomade, est destiné à faire un retour fracassant. Les monopoles sur l’information et la monnaie ont été brisés par la cryptographie moderne et les protocoles Internet. Il n’y a pas de retour en arrière possible, et il nous incombe de prendre la mesure de ce que cela signifie.
Ne vous attendez pas à lire l’obituaire de l’État-providence à la française dans les journaux, car l’un comme l’autre, sont déjà morts.
Bien que je sois convaincu de l’inévitabilité de cette évolution, il nous appartient de choisir la manière dont elle se réalisera en pratique. Nous pouvons continuer à alimenter ces chimères socialistes, en nous en remettant à cet État déjà moribond, et ainsi nous condamner à connaître la misère abjecte qu’a subie l’Argentine avant de finalement opter pour la liberté et la prospérité. Mais nous pourrions aussi prendre notre destin en main dès aujourd’hui, tourner la page de cette longue période d’étatisme, et donner naissance à de nouvelles institutions qui feront renaître ce génie libéral français. Il suffit pour cela de revenir aux principes, ô combien simples et fondamentaux, de la propriété privée, de la liberté contractuelle, et de l’égalité devant la loi.
Ce ne sera pas chose facile, car ceux qui prospèrent des fruits de notre ingéniosité et de notre labeur ont bien pris soin de capturer les termes du débat, nous empêchant ainsi de former cette pensée qui signerait la fin de leur régime parasitaire. Mais ce n’est pas impossible pour autant. La société civile dispose désormais d’outils et de forces vives pour organiser une telle renaissance. Il ne tient qu’à nous de relire les grands penseurs libéraux, de boycotter les sources d’information officielles, de nous affranchir d’une éducation nationale défaillante, de sortir des banques et d’adopter Bitcoin pour regagner notre souveraineté monétaire, d’utiliser des outils de communication hors de portée du Moloch étatique, et surtout, de cultiver et de répandre, inlassablement et sans condition, le goût de la liberté.
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